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Appels à contributions
Enzo Cormann, dramaturge

Enzo Cormann, dramaturge

Publié le par Marc Escola (Source : Jérémie Majorel)

Appel à contributions (prolongement)

« Enzo Cormann, dramaturge »

Colloque international, 13-15 novembre 2024, Lyon

Auteur, penseur, lecteur, pédagogue, acteur, performeur et jazzman, Enzo Cormann est un homme de théâtre aux multiples facettes. Gageons que l’écriture dramatique constitue peut-être chez lui le point de rassemblement et de dispersion de ce prisme créateur. Après avoir publié ses premières pièces aux éditions de Minuit dans les années 1980, il vient de faire paraître chez Les Solitaires intempestifs une monumentale Histoire mondiale de ton âme en deux tomes. L’ensemble de son œuvre dramatique a reçu en 2020 le Prix du Théâtre de l’Académie française. Or, à ce jour, seuls les numéros spéciaux du magazine Le Matricule des anges en 2005 et, à l’initiative de Christina Mirjol, de la revue Registres en 2010 ont esquissé l’étude ample et précise que celle-ci nécessite. Jean-Pierre Sarrazac repérait dans cette dernière des lignes de force en partage avec d’autres dramaturges contemporains : retour des morts sur scène, usage du conditionnel, réinvestissement du drame à stations, pulsion rhapsodique, poétique de la répétition-variation... Par contraste, le rôle de Cormann au sein du département d’écriture dramatique qu’il a fondé à l’ENSATT (École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre) à Lyon en 2003 est déjà amplement documenté (voir entre autres le chapitre que Thibaut Fayner lui consacre dans Apprendre à écrire pour le théâtre : histoire et méthodes des enseignements de l’écriture théâtrale en France, paru en 2019 aux Solitaires intempestifs, ainsi que l’ouvrage collectif Pensée plurielle, écritures singulières : pédagogie critique et collective de l’écriture dramatique, paru en 2020 dans cette même maison).

Sans imposition d’une grille interprétative préalable, il est temps de déplacer la focale, d’approcher l’œuvre cormannienne dans sa singularité, de mesurer les inflexions, voire les tournants, d’une trajectoire, en croisant vision panoramique et lecture de près, sur pièce (Berlin, Ton danseur est la mort, Sang et Eau, Sade, Concert d’enfers, Diktat…). Il ne s’agit pas ici de rendre hommage, de témoigner, de consacrer, de canoniser, mais d’ouvrir l’interprétation. L’œuvre appelle diverses approches pour en explorer la multiplicité :

- si Cormann dans ses textes théoriques (À quoi sert le théâtre ?, Ce que seul le théâtre peut dire) pense son art sous le signe du « poélitique », comment s’articulent, concrètement, dans ses textes dramatiques, la « poétique » et le « politique » ?

- quel geste d’écriture caractérise son processus de création, qui se revendique volontiers comme un « artisanat chaosmique » ?  

- dans quelle mesure sa pratique de lecteur (par exemple dans le comité Troisième bureau) et ses compagnonnages intellectuels (Guattari, Sarrazac…) suscitent-ils des échos intertextuels dans ses pièces, et de quelle nature, sous quelles formes ?

- les liens étroits qu’il entretient avec l’Espagne et l’Amérique latine n’appellent-ils pas également une déterritorialisation du regard et une attention portée aux traductions qui ont pu être faites de ses pièces ?

- quelles sortes de passages se sont-ils opérés entre texte et scène, via notamment les créations de Philippe Delaigue ou de Moïse Touré ? quel mode de réception est impliqué lorsque le dramaturge est lui-même acteur sur le plateau de théâtre ou performe ses poèmes dramatiques, parfois accompagné du saxophoniste Jean-Marc Padovani ?

- que signifie un parcours éditorial qui va de Minuit aux Solitaires intempestifs en passant par les éditions Théâtrales, Actes Sud-Papiers et Gallimard, sans parler de nombreux enregistrements sonores (La Grande Ritournelle) et d’une présence aussi précoce que forte dans le monde numérique (site ) ?

- volontairement ancrée du côté de la fiction, comment l’œuvre cormannienne répond-elle aux questions de notre époque, et aux évolutions esthétiques mettant en avant plus récemment l’autofiction ou la fiction documentée, voire le théâtre documentaire ? Ou, pour le dire autrement, comment opère à l’heure actuelle le « pari fictionnel » de Cormann ?

Ces questions n’ont vocation qu’à inciter à penser l’œuvre de Cormann dans la pluralité de ses formats et ses entrées en écriture. Elles sont autant d’invitation à relire ses pièces en essayant de déterminer quel(s) type(s) d’analyses l’on peut aujourd’hui produire au sujet de cette poétique, sans s’interdire d’ailleurs de mettre en lien son écriture théâtrale et son écriture romanesque.

Les communications, d’une durée de 25 minutes, pourront être monographiques ou au contraire polyphoniques, confrontant différents textes dans la perspective de valoriser un motif décisif de l’œuvre.

Les propositions (3 500 signes espaces compris maximum), accompagnées d’une notice bio-bibliographique, sont à envoyer en version PDF, d’ici lundi 6 mai 2024 inclus, aux trois contacts mentionnés ci-dessous.

Comité scientifique :

Pauline Bouchet (MCF, Université Grenoble Alpes)

Cyrielle Dodet (MCF, Université Champollion d’Albi)

Kevin Keiss (Dramaturge, codirecteur du CDN Dijon Bourgogne)

Sandrine Le Pors (PR, Université Paul Valéry Montpellier 3) 

Mireille Losco-Lena (PR, ENSATT)

Arnaud Maïsetti (MCF, Université Aix-Marseille)

Olivier Neveux (PR, ENS de Lyon)

Floriane Toussaint (MCF, Université Reims Champagne Ardennes)

 

Contacts :

Sylvain Diaz (MCF HDR, Université de Strasbourg) : sylvain.diaz@unistra.fr

Thibault Fayner (MCF, Université de Poitiers) : thibault.fayner@univ-poitiers.fr

Jérémie Majorel (MCF HDR, Université Lyon 2) : jeremie.majorel@univ-lyon2.fr